Maternité & carrière : violences professionnelles et reconversion
Je suis Tatiana. Maman de trois enfants, ancienne infirmière devenue entrepreneure pendant ma troisième grossesse, consultante en développement des compétences, et profondément convaincue que chaque femme mérite de se sentir à sa juste place.
J’ai vu, vécu et écouté les récits de femmes pour qui la grossesse a changé bien plus que leur corps. Elle a tout déplacé : les équilibres, les priorités, la façon dont on est perçue, traitée, regardée... ou évitée.
Ce que je veux partager ici, c’est plus qu’un constat. C’est une réalité vécue par des milliers de femmes. Mais c’est aussi une invitation à reprendre le fil de son histoire, à ne pas subir cette violence institutionnelle mais à en faire un point d’appui pour se réinventer.
Quand grossesse rime avec silence pesant
Tu l’as peut-être vécu : ce moment où tu annonces ta grossesse et où, soudainement, le ton change. Ce ne sont pas toujours des mots. Parfois c’est un silence, un mail sans réponse, un projet qui t’échappe. D’un coup, tu n’es plus celle qu’on encourage, tu deviens celle qu’on ménage. Parfois même celle qu’on écarte.
Moi, j’étais infirmière, et durant ma dernière grossesse j’occupais un poste de responsable de crèche à Paris. Investie, reconnue, mais usée. La maternité m’a fait l’effet d’un nouvel électrochoc. Elle a mis en lumière l’inadéquation entre ce que je devenais et ce que l’institution attendait de moi. Plus je gagnais en humanité, plus on me réduisait à des cases. J’avais aussi mes deux plus grands avec lesquels je passais beaucoup moins de temps du fait de mon poste de responsable et de mon statut cadre.
Et ce que j’ai compris, à travers mes propres épreuves, mais aussi en accompagnant plus de 650 personnes, dont beaucoup de femmes en transition, c’est que le monde professionnel reste structuré par des logiques qui rendent la maternité suspecte. Trop risquée. Trop "à part". Et pourtant constat qui me semble d’autant plus surprenant lorsque l’on évolue dans un milieu de femmes en âge d’avoir des enfants.
Ces violences invisibles mais bien réelles
Quand je parle de violence, ce n’est pas un mot trop fort. C’est celui qu’on emploie quand une femme revient de congé maternité et trouve un bureau vidé, un poste modifié, une équipe qui l’a oubliée sans même en avoir été informée.
Et la violence peut commencer bien avant ce retour. Dès l’annonce de la grossesse, un climat change. Il y a ce regard, cette crispation, ce flottement dans les échanges. L’annonce est perçue comme un problème, un casse-tête organisationnel, un imprévu que l'on aurait préféré ne pas avoir à gérer. Certaines femmes que j’accompagne me disent même avoir reporté cette annonce de peur de décevoir ou d’être mal vues, et je l’ai moi-même vécue en tant que responsable avec une professionnelle qui avait eu 2 grossesses consécutives et que j’ai du aller solliciter pour lui dire qu’elle pouvait me parler sans crainte de sa troisième grossesse (devenue visible) et dont elle n’avait pas osé me parler.
Alors que la maternité devrait être un événement soutenu, elle devient un facteur d’inconfort pour l’organisation, comme si le corps et les choix d’une femme n’étaient pas compatibles avec les objectifs de l’entreprise.
C’est ce que j’entends, encore trop souvent, dans la bouche des femmes que j’accompagne :
"On ne m’a jamais reparlé de mon évolution."
"Je suis devenue une charge, pas une force."
"On m’a fait comprendre que si je voulais rester, il fallait me faire discrète."
Ces violences ne sont pas toujours illégales, mais elles sont profondément déstabilisantes. Elles nourrissent le doute, la culpabilité, la perte de repères. Et peu à peu, elles éteignent la flamme.
Maternité et carrière : deux mondes qui ne se parlent pas
Ce qui m’interpelle vraiment, c’est cette idée encore ancrée dans beaucoup d’organisations que maternité et ambition seraient incompatibles. Comme si, dès qu’une femme devenait mère – ou exprimait simplement le désir de le devenir – son professionnalisme, son engagement ou sa fiabilité s’en trouvaient altérés.
Et ce clivage se manifeste très tôt, dès l’annonce de la grossesse. C’est souvent là que la fracture se crée.
Là où l’on s’attendrait à un moment de joie ou de soutien, c’est souvent un froid qui s’installe. Des regards détournés. Des réunions qu’on "oublie" de vous transmettre. Des remarques qui tombent, pleines de sous-entendus.
J’ai entendu ces phrases, en accompagnement ou dans mon propre parcours :
"Tu tombes enceinte maintenant ?"
"Et le projet X, on fait comment ?"
"Bon… on va s’adapter, hein."
Comme si la grossesse était un accident de planning. Un empêchement. Une erreur de timing.
Ce moment si personnel, si puissant, est réduit à une problématique RH. Et cela laisse des traces.
Une fissure s’ouvre dans la confiance. Une faille invisible entre ce que tu es, ce que tu vis, et ce que l’on attend que tu sois : disponible, performante, prévisible, inaltérable.
Beaucoup de femmes me partagent leur stratégie de survie :
- Cacher la grossesse le plus longtemps possible.
- Redoubler d’efforts pour "mériter" leur présence.
- S’effacer dans les réunions, éviter les conflits, devenir "la gentille" pour ne pas être accusée de "profiter".
Mais à quel prix ?
À force de se sur adapter, on s’épuise. On perd confiance. Et petit à petit, on disparaît.
Pourtant, les mères que j’accompagne sont tout sauf un frein. Elles sont résilientes, ingénieuses, organisées, adaptables, profondément humaines. Elles savent faire face à l’urgence, à l’imprévu, à la charge mentale, tout en maintenant des projets complexes, des rythmes intenses, des responsabilités lourdes.
Elles sont une richesse pour les entreprises. Mais trop souvent, elles se sentent invisibles, mises à l’écart, ou cantonnées à des rôles sans perspectives.
Moi-même, j’ai quitté le salariat après la naissance de mon troisième enfant. Et ce départ n’a rien eu d’une fuite. Ce fut un acte de puissance, de cohérence intérieure.
Parce que je ne voulais plus me battre pour exister dans un système qui ne me voyait qu’à moitié.
Parce que je ne voulais plus choisir entre être une mère engagée ou une professionnelle reconnue.
Parce que je voulais créer un environnement de travail qui intègre la complexité du vivant, celle des cycles, des corps, des émotions, des rythmes… et où la maternité ne serait plus une faute de parcours, mais une source d’expérience et de croissance.
Reconversion : une renaissance possible
Si tu es là, si tu lis ces mots, peut-être sens-tu cet appel intérieur. Ce tiraillement doux-amer entre ce que tu vis et ce que tu ressens. Une envie de sens, de cohérence, de réancrage. Une sensation sourde que quelque chose ne colle plus, que le costume professionnel que tu portais avant n'épouse plus ta peau d’aujourd’hui.
Tu n’es pas en train de fuir. Tu es en train de te reconnecter. De te réaligner avec celle que tu deviens.
Et ça, c’est tout sauf une faiblesse. C’est une preuve de conscience, de maturité, de courage. C’est un acte de souveraineté.
Car la reconversion, contrairement à ce qu’on pense parfois, n’est pas une décision prise dans la panique.
C’est souvent un chemin long, intime, semé de doutes, d’interrogations, de nuits blanches.
C’est le fruit d’un basculement intérieur : celui qui te fait dire "je ne peux plus continuer comme avant" — même si tu ne sais pas encore exactement ce que tu veux à la place.
Moi, je l’ai vécu.
Je me suis retrouvée là, à ce carrefour, tiraillée entre mes obligations, ma fatigue, mes enfants, mes idéaux. Je venais de mettre au monde mon troisième enfant. Et c’est comme si, en même temps, je mettais au monde une nouvelle version de moi-même. Une version plus sensible, plus lucide, plus exigeante aussi.
Alors j’ai osé.
Pas d’un coup. Mais pas à pas.
J’ai écouté ce qui m’appelait.
J’ai quitté ce qui ne me nourrissait plus.
Et j’ai reconstruit.
Avec ce que j’avais. Ce que j’étais. Ce que je devenais.
Aujourd’hui, j’accompagne des femmes sur ce même chemin. Et je vois à quel point, même dans le flou, il y a des perles de vérité. Tu arrives souvent avec un trop-plein (d’injonctions, de responsabilités, de fatigue). Ou un trop-vide (d’envie, de clarté, de confiance). Et c’est ok.
On commence là.
Là où tu es.
On dépose les valises. On fait du tri. On redonne de la valeur à ce que tu portes.
Et on explore ensemble : ce que tu veux, ce que tu refuses, ce que tu désires, ce que tu es prête à incarner.
Ce n’est pas un parcours linéaire. Il y a des doutes. Des moments de repli. Des vagues d’émotion.
Mais il y a surtout, à chaque étape, une petite victoire. Une prise de conscience. Un pas de plus vers ton alignement.
Parce que tu ne cherches pas "juste un job".
Tu cherches à te retrouver.
À poser ton énergie au bon endroit.
À créer un projet qui respecte ton rythme, ton histoire, ton identité.
Et je suis là pour t’accompagner. Non pas pour te dire quoi faire.
Mais pour t’aider à réentendre ta propre voix, celle qu’on a trop longtemps étouffée derrière les "tu devrais", "ce n’est pas raisonnable", "attends un peu".
Et concrètement, par où on commence ?
On commence là où ça fait encore un peu mal, là où ça bloque, là où tu n’oses peut-être même pas poser les mots.
On commence par ralentir.
Par te donner la permission de ressentir, d’être confuse, ambivalente, d’avoir peur et d’avoir envie en même temps.
Parce que trop souvent, dans cette société du "faire", tu as été poussée à aller vite, à rester "professionnelle", à ne pas montrer les failles. Mais la vérité, c’est que ces failles sont des portes. Vers un autre possible.
Dans mon accompagnement, je ne t’impose aucun plan tout fait.
Ce que je propose, c’est un cadre souple et sécurisant où tu peux, enfin, t’écouter vraiment.
On ne cherche pas à "trouver une solution" en urgence. On cherche à révéler ce qui est déjà là, mais que tu as enfoui sous les "il faut", "je dois", "ce n’est pas le moment".
Alors, concrètement, on commence par :
- Faire de la place au flou, sans chercher à le fuir.
- Mettre en lumière ce que tu veux éviter autant que ce que tu veux atteindre.
- Observer tes automatismes, ceux que la maternité a souvent mis à rude épreuve : sur-engagement, oubli de soi, loyauté épuisante.
- Identifier les schémas pro qui t’ont fait mal, pour éviter de les reproduire sous un nouveau vernis.
On ne fait pas juste un "bilan".
On reconnecte les fils de ton histoire, de tes élans, de tes douleurs aussi.
On retisse ta cohérence, celle qui avait peut-être disparu entre les nuits hachées, les mails urgents, les regards en coin au bureau.
Et puis, progressivement, on construit. Pas à pas.
On clarifie ton tempo.
On honore tes ressources.
On apprend à dire non à ce qui ne te respecte plus, et oui à ce qui te nourrit.
On tisse un projet qui te ressemble dans le fond et dans la forme, un projet qui accueille ta maternité comme une compétence, pas comme un trou dans ton CV.
C’est un processus profondément transformateur.
Pas spectaculaire, mais radicalement humain.
Tu n’es pas seule
Je sais que, parfois, tout ça donne l’impression d’être seule sur une île, entourée de femmes qui "gèrent", qui avancent, qui brillent sans faillir.
Mais cette image est un mirage. Une illusion construite par un monde qui valorise la performance plus que la présence, le résultat plus que le chemin.
Tu n’es pas seule.
Il y a, partout, des femmes comme toi, qui cherchent leur place après un bouleversement intérieur.
Des femmes qui ne veulent plus juste "tenir bon", mais vivre en cohérence avec ce qu’elles sont devenues.
Des femmes qui ont ressenti, elles aussi, cette déchirure entre leurs valeurs profondes et le système dans lequel elles évoluent.
Elles ne crient pas forcément leur douleur.
Elles n’en parlent pas toujours sur LinkedIn.
Mais dans les cercles confidentiels, dans les sessions de coaching, dans les messages privés qu’on m’envoie à la fin d’un webinaire, elles sont là.
Présentes. Lucides. Fragiles parfois. Et incroyablement puissantes.
Certaines deviennent coach, facilitatrice, formatrice. D’autres choisissent le salariat, mais avec de nouveaux critères, un nouveau contrat intérieur.
Certaines ralentissent pour mieux renaître.
D’autres expérimentent, hésitent, recommencent.
Mais toutes avancent avec une forme de foi douce : celle que leur vie pro peut enfin leur ressembler.
Et surtout, elles ne marchent plus seules.
Elles se reconnaissent dans les récits, les silences, les tremblements des autres femmes.
Elles créent du lien. Elles s’épaulent. Elles se reflètent les unes les autres.
Elles forment une communauté silencieuse mais vibrante, une toile invisible faite de regards, de partages, d’élans, de vulnérabilités transformées en forces.
Ce chemin que tu sens en toi, d’autres l’ont emprunté. D’autres l’éclairent aujourd’hui.
Et tu n’as pas besoin de tout savoir pour commencer.
Tu as juste besoin d’écouter ce qui pousse à l’intérieur, et d’oser un premier pas, même minuscule.
Je serai là, si tu veux.
Pas pour te tirer. Pas pour te guider à ta place.
Mais pour marcher à côté, éclairer un peu, tenir un espace dans lequel tu peux, enfin, te redéployer sans masque, sans rôle, sans justification.
Conclusion : ta place existe, même si elle ne rentre dans aucune case
Tu n’as pas à choisir.
Pas à te diviser. Pas à t’excuser d’être mère. Pas à justifier ta douceur, ta lenteur, ton besoin de sens.
Tu n’as pas à te couper en deux entre celle qui console la nuit et celle qui brille le jour.
Tu es entière. Tu es complète. Tu es légitime.
Le monde du travail t’a peut-être fait croire que ta maternité était un obstacle, une faiblesse, un contretemps.
Mais en vérité, elle est un révélateur. Une mise au monde, pas seulement d’un enfant, mais de nouvelles priorités, d’un nouveau rapport à toi, à la vie, au travail.
Et si le système actuel ne sait pas encore accueillir cette complexité, rien ne t’oblige à t’y conformer.
Tu peux réinventer.
Tu peux déconstruire.
Tu peux bâtir ton propre modèle, à ton rythme, à ta manière, en respectant la personne que tu deviens.
Ce ne sera peut-être pas un chemin lisse.
Mais ce sera un chemin vivant.
Et tu n’as pas besoin de tout savoir pour le commencer. Tu as juste besoin d’y croire assez pour avancer d’un pas.
Je le sais, parce que j’ai moi-même marché dans cette nuit intérieure.
Et parce qu’aujourd’hui, j’accompagne des femmes qui font ce même pas. Des femmes qui, doucement, recréent de la lumière à partir du chaos.
Alors si tu doutes, si tu te sens à la marge, si tu ne rentres dans aucune case : sache que c’est précisément là que ton authenticité prend tout son sens.
Tu n’as pas à entrer dans un moule.
C’est le moule qu’il faut refaire. Ou abandonner.
Et si tu veux en parler, je suis là.
Pas pour te dire quoi faire, mais pour t’écouter. T’accueillir. T’éclairer si tu le veux.
Parce que je crois en toi, même dans tes silences, même dans tes hésitations, même quand toi, tu ne vois plus ce que tu vaux.
Tu n’es pas seule.
Et tu n’as rien à prouver.
Seulement à te retrouver.
FAQ – Parce que tu as sûrement des questions
J’ai peur de ne pas être légitime pour me reconvertir. C’est normal ?
Oui. Mais la légitimité ne se décrète pas, elle se construit. Et je peux t’aider à la faire émerger.
Par où commencer une reconversion quand on a zéro énergie ?
Par un espace doux, cocooning. Une écoute sans attente. Juste pour déposer.
Est-ce que je dois avoir un projet précis pour faire un bilan de compétences ?
Non. Le flou est un excellent point de départ. On construit ensemble.
Je me sens perdue entre mon rôle de mère et ma carrière. Est-ce que c’est un signal ?
C’est souvent le début d’un réalignement. Et c’est une belle opportunité.
